Frédéric Rey - 17 July 2012 - Le Feuillet

TITLE: JIM MORRISON RESSUSCITE À LA PROVIDENCE
AUTHOR: OLIVIER DELUERMOZ
PUBLISHED: 17 JULY 2012
AVAILABLE: Le Feuillet


Dès ce soir, à La Providence, vous pourrez assister à la première représentation de La Célébration du Lézard [b-side]. Une pièce de théâtre atypique sur Jim Morrison et sa poésie. Frédéric Rey, metteur en scène et directeur du centre culturel de la Providence, répond à nos questions.


Êtes-vous un fan de Jim Morrison ?
J’ai un parcours particulier avec Jim Morrison. Quand le film de Oliver Stone est sorti au cinéma en 1991, c’était l’époque où toutes les filles étaient fan de Jim Morrison ; « il était trop sexy et il faisait de la trop bonne musique ». Ca me cassait les pieds ! Du coup, j’ai boycotté le film, ce qui était une bêtise. Le film n’est pas bon, mais en fait, à travers lui, j’ai découvert une facette de Jim Morrison. C’est un intellectuel, un poète. Il y a 10 ans, j’ai croisé Frédéric De Goldfiem et, immédiatement, on est devenus amis, je lui ai demandé si on pouvait faire quelque chose sur Jim Morrison ; on est tout de suite tombé d’accord. Mais le projet voit le jour à peine aujourd’hui [rires] !

Une pièce sur Jim Morrison, ce n’est pas commun, qu’apporte-t-elle au spectateur ?
On appelait Jim Morrison le Lezard King ; il était intéressé par tout ce qui était chamanique, indien et amérindien. Son expérience personnelle l’a amenée à vivre une expérience traumatisante. Avec ses parents, en voiture, dans le désert, il a vu des indiens morts sur le bord de la route, et il croisé les yeux d’un vieil indien, il a eu l’impression que cet indien avait sauté dans son âme. Toute sa vie, il a été possédé par ce côté chamanique.

On est partis sur cette idée là, notre spectacle devait être une sorte de transchamanique. On s’est demandé si Jim Morrison connaissait Carlos Castaneda, un anthropologue très controversé des années 70 ayant écrit sur le chamanisme, sachant qu’ils ont fréquenté la même université à la même période. On a également exploité Nietzsche et Aldos Huxley ayant écrit un livre intitulé Les portes de la perception, et c’est en raison de ce livre que le groupe s’appelle The Doors.

C’est amusant de voir cette filiation de porte à travers les écrivains, ce passage vers un monde parallèle. C’est ce que disait Jim morrison à travers Break On Through The Other Side.

Nous, dans notre spectacle, on veut embarquer le spectateur de l’autre côté de cette porte.




Frédéric Rey, metteur en scène.



Il n’y a aucune musique de Jim Morrison sur scène, pourquoi ce choix ?
Il y a un morceau de Jim Morrison qui est joué à un moment donné, Roadhouse Blues. Tout le reste, c’est de la musique composée par Benoit Seyrat, il compose une musique en live avec des loopers, des boucles, ce sont des couches de musique qui s’empilent et, à la fin, on arrive à quelque chose de puissant, de transcendant.

Il faut concevoir le spectacle comme un dialogue entre deux comédiens autour du thème de Jim Morrison, ils discutent de matières, ils lisent des textes, ils partent dans de grandes discussions. C’est ça le spectacle. Il n’y a pas de comédiens déguisés en Jim Morrison ou qui le jouent. Il n’y a pas d’incarnation, des fois on singe, on s’amuse et on perçoit le spectre de Jim Morrison… Frédéric De Goldfiem entre-même en trans à un moment ! Mais il n’y a pas Jim Morrison. Frédéric et Ben (les personnages) sont Jim Morrison.

La célébration du lézard est un poème de Jim Morrison, pouvez-vous nous en dire plus sur ce choix ?
La célébration du lézard est un poème emblématique de 15 minutes. Il flirte entre l’image de l’Amérique urbaine et sauvage. C’est un poème très fort, il parle de cette toute puissance que Jim Morrison pensait avoir. Le poème est apparu en face B d’un vinyle, c’est pourquoi on a appelé le spectacle La célébration du lézard [b-side] pour jouer aussi avec l’expression Be side qui veut dire à côté. Pour nous, ça avait aussi une autre signification : dans l’œuvre de Castaneda, la mort est très importante, elle est constamment à côté de nous.




Esquisse…


Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de la mise en scène ?
Le théâtre a eu des difficultés à trouver des fonds. Chaque représentation me coûte environ 800€ : les comédiens, les charges, les droits d’auteur, les frais de la salle, la billetterie… Tout ça a un coût ! Il faut que je fasse au minimum 900 € par soir pour équilibrer tout ça ! En gros, je ne fais aucune recette.

Avez-vous d’autres projets ?
Oui, avec Frédéric De Goldfiem encore, la suite de la pièce Dissonance Mozart, ça s’appellera Dissonance Freud, là, je suis sûr qu’on aura beaucoup de choses à dire [rires] !